Roni Horn

29 October12 December 1998

6 rue St-Georges | St-Jorisstraat

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Roni Horn vit et travaille à New-York mais passe une partie de l’année en Islande. Cette île est devenue pour elle une sorte de lieu archétype et il est clair que la beauté primaire de la nature se retrouve dans son nouveau travail.

Untitled (Flannery) se compose de deux blocs identiques bleu cobalt en verre. Ils sont posés directement au sol et se font face. Leurs côtés semblent gelés et sont encore un peu granuleux, comme s’ils venaient d’être extraits du moule. Les parties supérieures sont polies et ont une brillance transparente. Celui qui les regarde voit son image dans la profondeur infinie d’un lac sans rides. Lorsque le soleil brille, les blocs scintillent tels des bijoux; dans l’ombre, ils se transforment en pierres sombres et dures. Untitled (Flannery) fait également penser à un bleu profond et énigmatique qui est décrit dans une histoire de Flannery O’Connor. Les sculptures correspondent, dans ce sens, au travail précédent de Horn qui a aussi trouvé son origine dans la littérature. Horn a travaillé de cette façon avec des textes de Blake, Kafka et Dickinson.

La vie et la poésie du poète américain Emily Dickinson (1830-1886) était à la base des oeuvres “Keys and Cues”, dont un certain nombre font partie de l’exposition. Ces sculptures donnent un aspect physique à des mots chargés d’émotion et contenant la même richesse sobre que les poésies de Dickinson.

Horn ne place pas les mots de Dickinson sur les oeuvres : elle les place à travers les sculptures avec des lettres en plastique contenues dans des blocs en aluminium. L’extérieur de l’aluminium explique ce qu’il y a à l’intérieur, tout comme les poésies de Dickinson racontent sa vie intime. Les “Keys and Cues” existent exclusivement de la première ligne de poésies qui peuvent se tenir droites toutes seules. Chacune d’elles “parle comme base du contenu, comme un fractal - cela ne peut plus être brisé en autre chose que ce n’est. Dickinson ne donna pas de nom à ses poésies de façon à ce que celles-ci soient inventoriées sur base de la première phrase ou chiffre : un index des premières phrases est comme un point de départ pour les poésies individuelles tout comme pour l’oeuvre complète de Dickinson.

“To make a Prairie it Takes a Clover and One Bee” est un exemple de l’exposition, ou aussi “My life had stood - a loaded gun”, un tas de blocs qui, comme pièce unique, est dans le coin d’une salle. Un accent vigoureux et frissonnant qui emplit tout l’espace. Ici, vous voyez la vie qui est littéralement imprimée dans un coin et qui menace de tomber en morceaux comme des blocs présentés négligemment les uns sur les autres.

Roni Horn a un intérêt indéniable pour le format et la richesse de signification des paires. Dans les photographies exposées cela saute au yeux. “Dead owl” et “Untitled” proposent respectivement le double portrait d’un hibou empaillé et d’un corbeau empaillé. De la manière dont ils sont pendus, l’un à côté de l’autre et dans des encadrements identiques, on ignore s’il s’agit d’une chose qui pose deux fois ou de deux choses qui ne représente qu’un. Dans Untitled (Flannery) l’idée d’une paire existe de la même façon : l’artiste et l’auteur, objet et le spectateur, le soi et la réflexion, la source et la répétition, ... sont déjà les premières pensées qui peuvent mener à une réflexion plus approfondie de l’oeuvre.

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